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Le Blog

15/12/2014

El Deguello à Nîmes

 

 

21 septembre au matin
Noir le 3ème toro de Zalduendo

« Du bonheur noir et sourd de l’ébène
D’un toro parti au galop dire aux hommes
Bas les masques »
…  (Zocato)

Et soudain un bruit sec, dont aurait pu s’échapper un hurlement humain montant jusqu’aux derniers rangs  de l’amphithéâtre romain. Peu importe la lésion exacte, la patte avant gauche du toro restant suspendue, impossible pour lui de la poser sur le sol.

Pour quelles raisons ? Par quelle stupéfiante volonté ? Etait-ce pour une princesse abandonnée sur les côtaux de l’Estremadure, pour la fierté de sa race ou l’honneur de sa devise ?

L’admiration des aficionados ou du mundillo  pour le toro de combat, tant décrite et exprimée dans les étagères des bibiophiles taurins, le respect maintes fois évoqué au long des conférences ou tertulias, la valeur toro était sous nos yeux.

Faena d’un animal claudiquant, la musique se fait entendre : sacrilège ! je suis contre… je siffle. Et bien que l’harmonie joue tout autre chose, j’entends « El Deguello » l’air que jouaient les Mexicains à El Alamo.

C’est lui le héros, repartant mufle dans le sable contre cette armée rouge, lui le combattant sans peur sur la corne droite, mais avec douleur sur le côté gauche, d’où une seule série de naturelles. Avec son intégrité physique totale il aurait montré à la race des hommes que sa bravoure n’avait pas de limite. Alamo, combat sans issue, jusqu’au bout de la musique où dans un frisson d’humanité animale,  le toro est devenu l’égal de l’homme.

Hospedero a roulé au sol les yeux bleuis du ciel gardois et du mouchoir de la vuelta postume, piètre récompense pour ce roi. Mais la victoire est au vaincu.

A l’inverse du Général Santa Anna, l’aficion a acclamé l’homme et lui a offert les trophées ; notre respect pour l’animal proclamé faut et fort, battu en brèches, un beau loupé en réponse aux antis.

Seul, Hosperedo  avait droit à sa victoire et nous aurions dû l’accompagner, avec ses trophées magnifiquement  gardés, pour sa sortie par la Porte des Consuls vers le paradis des toros.