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28/08/2015
Tant qu'il y aura des hommes et des toros

Tabarly dans ses oeuvres
Fête du 15 août à la sortie de la cathédrale, messe de Bandas oblige, Dax, vêtue de rouge et blanc, s’est invitée à la corrida matinale. Un maestro lui avait donné rendez -vous.
El Juli, en rouge lui aussi, donna une leçon de tauromachie à son premier adversaire, qui lui valut les 2 oreilles.
Le jeune Pepe Moral, face au maitre, fut un élève appliqué et de belle manière. Il conclut son œuvre alors que de lourds nuages d’un gris plein de tristesse déversaient un torrent de larmes. Pleuraient-ils des absences ou des regrets ?
En quelques secondes, la piste devint un marécage. Les plus avisés furent d’accord pour dire que la corrida n’irait pas plus loin
.
Sans un regard pour quiconque, le maestro, star décriée par certains, avait décidé de remettre les pendules à l’heure. El Juli se dirigea face à la sortie du toril, se mit à genoux dans la boue dacquoise, certes réputée pour ses qualités, et demanda d’un geste ferme l’ouverture de la porte. Incrédulité dans les gradins pour cette position que, personnellement, je ne lui avais pas vu faire depuis son époque de novillero.
Una « porta gayola » de verdad . Maculé de boue, Julian traça un nouveau succès qui lui permit la sortie « a hombros » par la Porte Principale.
Qu’importe ce que l’on raconte, El Juli est un torero, un maestro… un homme.
A 18h, sous un ciel cette fois bleu azur, l’aficion dacquoise a repris place sur les gradins. L’élevage Pedraza de Yeltes est resté tout l’hiver dans nos mémoires. Si c’est aussi bien que l’an dernier… Eh bien ce fut mieux encore !
Côté matadors, seul Juan del Alamo a réussi à faire bonne figure.
Dieu que le toro de combat est un animal exceptionnel !
Une race que certains voudraient voir disparaitre ; ce toro là est bien le roi des animaux, n’en déplaise à Théophile Gautier.
Des quintaux de caste et de noblesse , faisant rugir les gradins, a remis le tercio de piques à sa juste place. Mais aussi les picadors, toreros à part entière, sans oublier leurs montures remarquablement dressées par Alain Bonijol.
Dans cet affrontement de l’après-midi, il y eut des moments à vous faire dresser le poil, tant la charge émotionnelle fut grande. Sur trois assauts d’une violence incroyable, le jeune Gabin Rehabi et surtout Tabarly, petit cheval doué d’un sens aiguë de la gravité, rétablit les situations les plus compromises, tel un chat d’une adresse incomparable .
La musique se mit à jouer pour ce couple d’un moment et chose exceptionnelle, après la corrida, un tour d’honneur de l’homme et son cheval se fera sous les ovations d’un public, resté sur les gradins, comme aimanté par la charge d’émotions vécues.
Le dernier toro arborant la devise blanche et verte, laissera dans nos rêves la marque de la caste énorme de cet élevage.
Fantasioso ne laissa aucun répit aux hommes en piste, le picador faisant les frais de cette bravoure. Il renversa la cavalerie dès son entrée en piste et fit régner la terreur. Les bipèdes paraissaient démunis devant cette force venue d’ailleurs. Bonijol sauta en piste et son intervention permit le sauvetage du piquero et de son cheval.
Ce toro était de la race des grands.
El Juli, Fantasioso, Tabarly, de quoi remplir l’hiver d’un aficionado.
Mon rêve pour la temporada 2016: El Juli face aux toros de Pedraza de Yeltes, voilà qui aurait de l'allure et de quoi nourrir les conversations jusqu'au 15 août prochain.
Tant qu’il y aura des hommes, des toros … et un cheval !