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12/09/2016
Sommets

Septembre est là, qui annonce l'automne avec ses couleurs, les jours qui raccourssissent et les feuilles qui tombent.
"Comme elles tombent bien
Dans ce trajet si court de la branche à la terre
Comme elles savent mettre une beauté dernière
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol
Veulent que cette chute ait la grâce d'un vol!" (E. Rostand)
La nature peut s'amuser à jouer de temps en temps avec un petit décalage, mais les saisons, inévitablement, se succèdent.
C'est avec ce décalage que j'ai repris mon sac de pèlerin. Les températures étaient estivales sur le "Camino de Santiago" et à la Cruz de Ferro, sommet du pèlerinage, souffrance physique, face à face avec soi même si l'on est seul: lot commun des peregrinos, jusqu'à O Cebreiro.
De ce village perché, là où le soleil se couche on imagine, on voit Compostelle.
J'y serai l'an prochain, Compostelle révée et la fois inquiétante d'y trouver ou pas ce que l'on a cherché!
J'ai donc passé le sommet et dans cette marche solitaire, j'ai pensé et repensé que dans mon travail, mon impression de début d'année( voir blog de janvier) " Le Sommeil d'un Ange" est mon tableau le plus abouti, le sommet de ma peinture.
Pourquoi n'est-ce pas sur le thème Cheval ou Toro?
Contrairement au navet de Rivette "La Belle Noiseuse", aucun artiste ne peut savoir, avant, quel sera son chef d'oeuvre. On le découvre au fil des regards qu'on lui porte et la sensation d'avoir réussi à transcrire une émotion. Si avec le temps, sur le plan émotionnel et technique, vous vous sentez fier et admiratif, j'ose le mot, nulle doute que le tableau en question devient le sommet de votre peinture.
Il faut donc redescendre de son Himalaya et accepter que le soleil soit plus bas.
Les amis, tendance psycho, qui liront ces lignes, vont s'empresser de tirer des conclusions sur la tristesse, voir déprime. Non, ouvrir les yeux peut aider à conduire et dans les descentes c'est utile.
Triste, sûrement. De Compostelle, je reviendrai fier mais triste, tout comme de mon sommet !