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29/01/2015
La dame de Cheltenham

Un jeudi, par un temps glacial, me voilà parti en train pour les courses de Warwick: la remontée de la grande rue de cette très jolie ville me confirme que je suis bien "en province". Facile d'accès, petit public passionné de tout style, avec son lot d'élégance typiquement britannique, qui après un passage au bar surchauffé , s'enthousiasme pour des chevaux de petite qualité. Même si le parcours est en parti caché par une colline au centre de l'hippodrome , les hurlements des supporters se font entendre à l'approche du poteau d'arrivée. Je garde un réel plaisir de cette journée passée au cœur. La passion m'entourait comme si je n’étais pas seul. En rejoignant la gare, je retraverse la ville parmi les écoliers en uniforme.
Samedi, Cheltenham, le Temple des courses d'obstacles. Départ de Londres avec comme chauffeur Geoffrey , mon galeriste mais surtout ami; charmant et élégant, il est Anglais jusqu'au bout de son humour. Un peu tête en l'air aussi, ce qui nous vaut un petit tour dans Belgravia et retour à la galerie. Il avait oublié les entrées : "sure for coming with me? Second chance !!" Me dit-il.
Bien que ce soit la journée des "trials", il y a les files de voitures habituelles aux grandes journées. Il faut la dose nécessaire de patience pour arriver jusqu'aux parkings où des centaines de voitures, méticuleusement alignées, attendent le retour plus ou moins tardif de leurs occupants.
C'est une autre musique: la foule est partout, dans ce magnifique amphithéâtre naturel. Ici on aime les courses et ses acteurs; certes les Books fonctionnent à plein rendement, mais on applaudit les propriétaires, les entraîneurs et bien sûr, chevaux et jockeys, vainqueurs comme vaincus; le Français est bien obligé de reconnaître la sportivité de la perfide Albion.
Geoffrey, après avoir disparu, revient juste à temps pour encourager jusqu'au poteau, le cheval vainqueur de la 2ème course, qu'il a joué! Les derniers mètres en montée sont très durs pour les chevaux et les nerfs. Gains en poche, il repart vers d'autres espoirs, et ...moi, en bon français, vers une pause déjeuner. Assis sur les marches du paddock, ma simple pizza est largement agrémentée par la présence d'une charmante dame qui a fait, visiblement le même choix. Quelques mots suffisent pour qu'elle s'aperçoive que je ne suis pas du coin, sans doute mon accent!!! Nous parlons courses et autre chose: les raisons de ma présence, donc mon métier de peintre et ma future expo; en partant, elle m'adresse tous ses vœux de réussite.
La solitude n'existe pas à Cheltenham!
Je me place dans tous les coins et recoins de l'hippodrome, après tout, je suis là pour préparer mon expo de juin... Du haut des tribunes, au bord de la piste dans le cul de sac de l'arrivée ou au milieu des pistes, la clameur vous emporte, et nous ne sommes pas au fameux "festival" du mois de mars.
Impression surprenante en traversant la piste de s'apercevoir que la ligne d'arrivée est face au soleil couchant. Que voient jockeys et chevaux dans ces instants de fatigue et de stress ? Moi je n'ai vu que l'aveuglement des rayons du soleil... Soleil de victoire.
Plaisir sûrement, impressions bien sûr, lesquelles vais- je essayer de peindre? Il va me falloir, avec mes couleurs, redonner cette passion vécue et partagée par tout un peuple.
Sur le chemin du retour, mon carnet de croquis se noircit jusqu'à la nuit londonienne.
Rendez-vous pris à partir du 10 mars à Cheltenham pour le Graal !
Mon face à face avec Londres devra attendre le 15 juin.
Ce jour-là j'aurai une pensée pour la Dame de Cheltenham ....